Coupures et délestages électriques : à quoi faut-il se préparer en montagne ?

Le gouvernement a précisé le 29 novembre les mesures qui seraient mises en place pour faire face à de possibles pénuries d’électricité au cœur de l’hiver.

Ces mesures s’appuient sur deux leviers : un dispositif EcoWatt afin de diminuer la consommation via une sensibilisation de la population et un plan de délestage (coupures électriques ciblées) en cas de situation plus critique.

Le dispositif EcoWatt lancé par le réseau de transport d’électricité (RTE) permet de suivre, via une application, la consommation électrique nationale. Ce service mise sur l’information et la responsabilisation des utilisateurs pour réduire par des écogestes leur consommation et donc les risques de coupures. RTE émet, via EcoWatt, une série d’alertes graduées par couleur : le vert correspond à un niveau normal de consommation, le orange à un système électrique tendu et le rouge à un système très tendu qui rend la coupure inévitable si la consommation ne diminue pas.

Dès l’émission d’un signal orange ou rouge, sera mise en place une phase de suivi renforcé. Chaque jeudi, RTE identifie, en fonction des données météorologiques, des informations sur la disponibilité des moyens de production et des interconnexions, un possible recours au délestage entre le lundi et le vendredi suivants. Les week-ends correspondent à des moments de plus faible consommation et ne devraient en principe pas être concernés. Le signal EcoWatt orange ou rouge est annoncé trois jours avant la date critique. À J-1, si le niveau rouge persiste, le plan de délestage est confirmé et les zones qui seront délestées le lendemain sont annoncées à partir de 17h sur le site d’ENEDIS. Le jour J, les coupures dureront au maximum deux heures consécutives et n’interviendront qu’entre 8h et 13h ou 18h et 20h, créneaux qui correspondent aux pics de consommation. Les délestages sur le territoire national seront limités à des zones géographiques de 2 000 clients en moyenne (foyers et professionnels) alimentés par une même ligne électrique. Cela correspond à un quartier en ville et jusqu’à plusieurs communes en milieu rural.

Le plan de délestage prévoit des sites protégés qui ne seront pas impactés par ces coupures. Les préfets ont pour consigne de limiter ces demandes de sites protégés à 38% de la puissance de leur département, charge à eux de définir les sites prioritaires pour lesquels toute coupure électrique serait préjudiciable. Sont protégés notamment des établissements de santé, des sites de sécurité (casernes de pompiers ou prisons) et des sites de production d’énergie. L’Agence régionale de santé (ARS) fait également remonter aux préfets les listes des personnes hospitalisées et des patients ou malades à haut risque vital (PHRV/MHRV).

Quel impact sur les élus de montagne ?

En amont d’éventuelle coupures, les préfets doivent préparer avec les élus et les collectivités territoriales des plans de continuité d’activité. L’ANEM recommande aux élus d’alerter leur préfet sur des points particulièrement critiques dans les secteurs de montagne, dont notamment l’accès aux soins de proximité, les zones blanches pour le 112, les sites sensibles à protéger (réserves de dynamite pour les avalanches, stations d’épuration non autonomes électriquement).

La veille du délestage, à 17h, les préfets demanderont aux maires des communes concernées de mettre  en place une « cellule de crise » dans le cadre des PCS pour les communes qui en sont équipées et de prévoir, en mairie ou dans des lieux prédéfinis, une présence physique en capacité de relayer l’alerte aux services de secours, de santé et de sécurité, pendant la durée de la coupure du réseau électrique et téléphonique.

Pour les populations concernées, les réseaux téléphoniques étant coupées, le recours au 112 sera nécessaire pour contacter les secours. En zone rurale, où les pylônes sont moins nombreux et mutualisés,  l’accès au 112 peut être compromis. Charge aux préfets de mettre en place un système alternatif mais, le cas échéant, pompiers ou gendarmes devront être sollicités. L’ANEM avait demandé dès le 21 octobre, par une motion au gouvernement, de préserver les pylônes du délestage en zone de montagne.

Les écoles concernées par le délestage le matin seront fermées pour la demi-journée. Le gouvernement recommande de maintenir si possible un service de restauration pour le déjeuner et d’adapter les transports scolaires. L’ANEM a alerté sur les difficultés pratiques de mise en œuvre dans les territoires de montagne avec un délai aussi court, c’est-à-dire la veille pour le lendemain.