La commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale adopte un avis politique sur la protection du loup et le soutien aux éleveurs au sein de l’Union européenne

Mercredi 31 janvier, la commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale a adopté un projet d’avis politique sur la protection du loup et le soutien aux éleveurs au sein de lUnion européenne (UE). Cet avis, porté par Pascale Boyer, députée des Hautes-Alpes et présidente de l’ANEM, plaide pour un ajustement des textes à l’état de conservation de l’espèce et un soutien accru aux éleveurs.

Face à la hausse de la population lupine en Europe et à l’augmentation des pertes subies par les éleveurs, le débat sur lajustement du niveau de protection du loup ainsi que laccompagnement des éleveurs a été relancé au niveau européen. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a, en effet, dans une communication du 20 décembre dernier, soumis aux États membres un projet de décision visant à modifier, le cas échéant, le statut de protection du loup au sein de lUE, à savoir un déclassement au statut d’espèce «protégée» plutôt que «strictement protégée», tel que prévu par la Convention de Berne.

Lavis poursuit trois objectifs : proposer un ajustement des textes à l’état de conservation de lespèce, mieux accompagner les éleveurs et, enfin, promouvoir une vraie coordination européenne, notamment sur les modes de comptage encore très hétérogènes.

Pour Pascale Boyer, «il ne sagit pas de revenir sur le principe même de protection du loup mais den ajuster les modalités car, faute dun soutien apporté aux éleveurs, nous courrons le risque de voir décliner lagropastoralisme et des abattages illégaux de cette espèce protégée».

L’avis rappelle également que si les mesures de protection des loups remplissent leur objectif, le dynamisme géo-démographique de la population lupine entraîne des conflits croissants avec les activités humaines, en particulier les activités agropastorales, ainsi que les activités de tourisme.

Leffectif estimé du nombre de loups à la sortie de lhiver 2022-2023 est de 1 104 individus présents dans 55 départements. En cinq ans, la population lupine a donc plus que doublé (430 en 2018). Côté prédation des troupeaux, on tient le loup pour responsable de la mort de 65 500 bêtes chaque année en Europe. Et lItalie, lEspagne et la France sont les trois pays les plus touchés par les attaques, avec entre 10 000 et 14 000 bêtes tuées chaque année en moyenne.

«Cest donc un appel qui est lancé au soutien des éleveurs car indépendamment du changement de statut de protection du loup, il est absolument essentiel daméliorer le quotidien des éleveurs», argumente Pascale Boyer, soulignant «les difficultés croissantes auxquelles ils doivent faire face quotidiennement». Le triptyque «clôture, chiens de protection et gardiennage des troupeaux» doit rester la pierre angulaire de laccompagnement des éleveurs.

Lavis invite également à financer des expérimentations, notamment via de nouvelles technologies, et à limiter au maximum le reste à charge des éleveurs tout en simplifiant les démarches administratives pour le financement des moyens de protection et les indemnisations des pertes. Les programmes LIFE consacrés à la coexistence avec le loup doivent par ailleurs être «intensifiés et évalués». Lavis appelle enfin à «repenser les sources de financement des équipements de protection, en mobilisant davantage des fonds nationaux et européens dédiés à la biodiversité et à sa préservation».

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